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Cdiscount- DĂ©couvrez notre offre Cd fais pas ci, fais pas ca. Livraison gratuite* | Paiement sĂ©curisĂ© | 4x possible | Retour simple et rapide Votre navigateur internet n’est plus supportĂ© par notre site. Afin de bĂ©nĂ©ficier d’une navigation optimale, merci de mettre Ă  jour votre navigateur. Dun cĂŽtĂ© les Bouley : un couple qui refuse le modĂšle autoritaire de leurs parents ; ils ont construit ensemble une famille recomposĂ©e. De l'autre cĂŽtĂ©, les Lepic, persuadĂ©s que les problĂšmes de la jeunesse actuelle sont essentiellement dus Ă  la dĂ©mission Faispas ci fais pas ça PublicitĂ©s pour les albums de la sĂ©rie. Date: Revue: Type: SĂ©rie: Titre: Auteurs: 10/10: Spirou 3887: Dessin: Fais pas ci fais pas ça: Bercovici Philippe: 10/10: Spirou 3887: RC 2p: Fais pas ci fais pas ça: Famille Bouley (2) Bercovici Philippe, Dal G., Cerise: 10/10: Spirou 3887: RC 2p : Fais pas ci fais pas ça: Famille Lepic (13) Bercovici Philippe, Dal SerieFais Pas Ci, Fais Pas Ca [CANAL-BD] La SĂ©rie Albums Fais Pas Ci, Fais Pas Ca Ils ont travaillĂ© sur la SĂ©rie Fais Pas Ci, Fais Pas Ca B Bercovici Philippe D Dal Gilles Fais Pas Ci, Fais Pas Ca Prix public : 10,95 € La loi Lang 81-766 du 10 AoĂ»t 1981 stipule que le prix des livres, est fixĂ© par les Ă©diteurs. CdiscountLibrairie - DĂ©couvrez notre offre FAIS PAS CI FAIS PAS CA. Livraison gratuite Ă  partir de 25€* | Paiement sĂ©curisĂ© | 4x possible | Retour simple et rapide Votre navigateur internet n’est plus supportĂ© par notre site. Afin de bĂ©nĂ©ficier d’une navigation optimale, merci de mettre Ă  jour votre navigateur. CathyVerney, scĂ©nariste et rĂ©alisatrice de “Fais pas ci, fais pas ça”, Ă©tait en compagnie de notre journaliste sĂ©ries Pierre Langlais pour rĂ©pondre aux questions des internautes. Faispas ci, fais pas ça : de la tĂ©lĂ© Ă  la BD, un transfert Interview : Dominique Grange, Jacques Tardi avec une Élise Pour la sortie du film, Le Petit Prince s'expose chez Interview : Joann Sfar "n'a jamais Ă©crit un album aussi Le Grand mĂ©chant renard, un VANNOLLES- BD - MANGAS, une librairie du rĂ©seau Canal BD : Fais Pas Ci, Fais Pas Ca Fnac: Livraison gratuite dĂšs 20 CHF d'achat. Tout sur Fais pas ci, fais pas ça Coffret intĂ©gral de la Saison 6 - DVD - Bruno Salomone - Isabelle GĂ©linas, DVD Zone 2 et toute l'actualitĂ© en Dvd & Blu-ray. Nen fais pas une affaire personnelle est le rĂ©cit tour Ă  tour rĂ©jouissant et sidĂ©rant d’une descente aux enfers, qui vient dire toute la violence du monde du travail aujourd’hui. Nombre de pages de l'Ă©dition imprimĂ©e. 380 pages. Langue. Toutsur la sĂ©rie Fais pas ci fais pas ça : Adaptation en BD de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Tout sur la sĂ©rie Fais pas ci fais pas ça : Adaptation en BD de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e. Cher lecteur de BDGest Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable Ă  l'activitĂ© de notre site. SUPERHÉROS, une librairie du rĂ©seau Canal BD : Fais Pas Ci, Fais Pas Ca . Classements. Les NouveautĂ©s > Albums > Comics > Manga > Jeunesse > Tirages > Papeterie BD > Jeux > Magazines BD; Les Top > Les Top BD > Les Top Comics > Les Top Manga; La BibliothĂšque IdĂ©ale > Albums > Comics > Manga; Les prĂ©visions coffretfais pas ci, fais pas ça, saison 5 achat en ligne au meilleur prix sur E.Leclerc. Retrait gratuit dans + de 700 magasins Retrait gratuit dans + de 700 magasins MENU Hiersoir sur France 2, « Fais pas ci, fais pas ça » ne pouvait pas s'achever comme d'autres sĂ©ries. En dĂ©couvrant les familles Bouley et Lepic en 2027, les fans ont voyagĂ© dans le temps. FAISLES (5, 10, 12, 15, 20) mai 3, 2021. Bonjour, Voici des documents Ă  faire Ă  deux. Le but est que chacun son tour, chaque Ă©lĂšve trouve une addition qui donne le rĂ©sultat demandĂ©. Si un Ă©lĂšve ne trouve pas, il peut passer son tour. Celui qui a trouvĂ© le plus d’opĂ©rations, gagne le jeu. Pour tĂ©lĂ©charger le document, il suffit Yk3uE. ZĂ©da vit sa quatriĂšme saison grĂące Ă  votre soutien. AprĂšs confirmation d'un virage dĂ©finitif vers la BD NumĂ©rique, comme l'a montrĂ© "PASSAGE A L'EST", notre hĂ©ros continue son petit bonhomme de web-chemin dans cette nouvelle saison, tout en vous rĂ©servant quelques surprises. Alors, restez vigilants, ouvrez l'oeil - le bon - et merci encore de votre fidĂ©litĂ© et de vos encouragements. A bientĂŽt, Bonne lecture ! ï»żFais pas ci fais pas ça dans Spirou PublicitĂ©s pour les albums de la sĂ©rieParutions NoTypeSĂ©rieTitreAuteurs 3887DessinFais pas ci fais pas ça Bercovici Philippe 3887RC 2pFais pas ci fais pas çaFamille Bouley 2Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3887RC 2pFais pas ci fais pas çaFamille Lepic 13Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3888, 3890-3892GagFais pas ci fais pas ça3, 4, 7Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3892PubFais pas ci fais pas ça Bercovici Philippe, Dal Gilles 3893RC 2pFais pas ci fais pas ça6Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3894GagFais pas ci fais pas ça8Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise NoTypeSĂ©rieTitreAuteurs 3899-3901, 3903, 3904, 3909, 3910, 3912, 3913, 3916, 3917, 3919GagFais pas ci fais pas ça9, 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 24Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3920RC 2pFais pas ci fais pas ça23Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3922, 3924GagFais pas ci fais pas ça25, 26Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3926RC 2pFais pas ci fais pas ça22Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise 3930, 3931, 3933GagFais pas ci fais pas ça27, 28, 29Bercovici Philippe, Dal Gilles, Cerise Auteurs Bercovici Philippe, Cerise, Dal Gilles Saison 5 Saison 4 Saison 3 Saison 2 Saison 1 Prochain rendez-vous vendredi 26 aoĂ»t Ă  21H10 sur nrj12 Le replay Revoir toutes les saisons Le rĂ©sumĂ© Deux familles voisines, incarnant deux mĂ©thodes d'Ă©ducation opposĂ©es. D'un cĂŽtĂ© Denis et ValĂ©rie Bouley incarnent un couple qui refuse le modĂšle autoritaire de leurs parents ; ils ont construit ensemble une famille recomposĂ©e. De l'autre cĂŽtĂ©, Renaud et Fabienne Lepic, persuadĂ©s que les problĂšmes de la jeunesse actuelle sont essentiellement dus Ă  la dĂ©mission des parents, prĂŽnent un retour au mode d'Ă©ducation stricte qu'ils ont reçue et l'appliquent Ă  leurs quatre enfants. Des parents qui font de leur mieux avec leur bonne volontĂ©, leurs contradictions et leurs doutes... Mais des parents qui, s'ils Ă©taient notĂ©s comme le sont les enfants, Ă©coperaient sans aucun doute de la mention consacrĂ©e "Peut mieux faire" ! Que signifie avoir la vingtaine, ĂȘtre travailleuse du sexe et en faire le rĂ©cit, aujourd’hui ? Interview croisĂ©e des deux jeunes autrices. Au menu fiertĂ© pute, escorting et Ă©criture de soi. Parmi les populations fragilisĂ©es par la crise du Covid et occultĂ©es des programmes de l’élection prĂ©sidentielle de 2022, les travailleurs et travailleuses du sexe TDS n’ont pas dĂ©mĂ©ritĂ©. À l’heure oĂč de plus en plus de jeunes femmes investissent des plateformes en ligne pour vendre des services sexuels, la porositĂ© du travail du sexe interroge nous avons tenu Ă  faire dialoguer ici deux jeunes femmes queer et vingtenaires, issues d’une mĂȘme gĂ©nĂ©ration, pour en ausculter les stigmates, en circonscrire les revendications et faire entendre ces trajectoires hors norme. L’une est artiste et vit Ă  Bruxelles Klou s’est fait connaĂźtre par son trait Ă©purĂ© sur son compte Instagram. La seconde, Bebe Melkor-Kadior, militante antiraciste, a Ă©mergĂ© par le truchement de performances Ă©rotiques et de rĂŽles dans l’industrie du porno. Elles mettent tous deux en perspective le marchĂ© du travail avec une forme insidieuse d’opprobre sociale Toutes deux ont en commun d’avoir rĂ©cemment publiĂ© des rĂ©cits dans lesquels elles se racontent Ă  la premiĂšre personne un roman graphique pour Klou, Bagarre Ă©rotique – RĂ©cits d’une travailleuse du sexe Anne CarriĂšre et un essai, Balance ton corps La Musardine, pour Bebe Melkor-Kadior, qui y expose les rouages d’une existence de “salope” revendiquĂ©e. Ces textes s’inscrivent dans un mouvement de prise de parole des travailleureuses du sexe, de dĂ©nonciation de la lĂ©gislation française, en particulier de la loi de pĂ©nalisation du client de 2016, et mettent tous deux en perspective le marchĂ© du travail avec une forme insidieuse d’opprobre sociale et de slut shaming. Elles ne s’étaient jamais rencontrĂ©es, mĂȘme si l’une a lu les BD de l’autre sur Instagram, et que la premiĂšre a dĂ©jĂ  assistĂ© Ă  une performance de la seconde. Comment avez-vous dĂ©butĂ© dans le travail du sexe ? Klou — Je suis partie faire mes Ă©tudes d’art en Belgique et, Ă  l’époque, une affaire a fait scandale lĂ -bas une sociĂ©tĂ© de sugar dating [mettant en relation, en contrepartie d’une rĂ©munĂ©ration, des jeunes femmes et des hommes plus ĂągĂ©s] faisait de la publicitĂ© sur les campus en recrutant des Ă©tudiantes. J’ai vu ce camion publicitaire devant ma fac et j’ai dĂ©cidĂ© de poster une annonce sur son site. Ce n’était pas vraiment une dĂ©cision rĂ©flĂ©chie. J’avais besoin de temps pour moi et ça me semblait une bonne solution pour gagner des sous. À l’époque, je ne connaissais personne qui faisait ça. Je ne savais pas combien il fallait demander comme paiement, mais mon premier client m’a proposĂ© un prix trĂšs correct. Je suis donc devenue sugar baby, puis escort. © “It’s Just Love” de Sophie Ebrard Bebe Melkor-Kadior — Pour moi non plus, ça n’est pas arrivĂ© aprĂšs une rĂ©flexion posĂ©e. J’ai dĂ©butĂ©, jeune adulte, dans ce milieu, par l’érotisme artistique puis les clubs de strip-tease. Je suis devenue escort en Suisse les clubs vous facilitent la tĂąche, ils mettent en place un systĂšme qui permet Ă  certaines danseuses de trouver des clients pour l’escorting. Moi, je ne m’étais jamais vraiment posĂ© la question jusqu’à ce qu’un client me demande, un jour, combien je prendrais pour la nuit. Sans rĂ©flĂ©chir, j’ai dit “1 000 francs suisses”. Cette premiĂšre fois, c’était avec le clichĂ© du client qui avait des sous, mais l’expĂ©rience Ă©tait en dĂ©calage complet par rapport Ă  tout ce que j’avais pu imaginer je ne me suis pas sentie sale, ni mal. C’était un moment cool et je me suis dit que je me verrais bien faire ça de temps en temps. Ce n’était pas forcĂ©ment une vocation, mais en tout cas, ça ne me demandait pas plus d’effort que ce que je faisais dĂ©jĂ . AprĂšs cette premiĂšre fois, j’ai passĂ© une annonce sur internet et j’ai appris Ă  trier les rendez-vous. Comme toi, je ne connaissais personne qui Ă©tait escort. J’ai tout fait Ă  l’intuition. Klou — C’est vrai qu’en comparant l’avant et l’aprĂšs, je me suis dit la mĂȘme chose que finalement c’était facile, que cela ne m’avait rien fait Ă©motionnellement. Un peu comme la premiĂšre fois qu’on fait l’amour, on se dit “Bon, en fait, ça va, c’était pas grand-chose.” Bebe Melkor-Kadior — On sait bien d’oĂč vient cette idĂ©e prĂ©conçue sur le travail du sexe il ne faudrait surtout pas que les femmes fantasment ce genre de vie ! La culture nous nourrit de ces images et idĂ©es misĂ©rabilistes et sensationnalistes. Alors que c’est un travail. Comment a rĂ©agi votre entourage ? Klou — J’ai eu de la chance finalement car peu de gens autour de moi l’ont dit Ă  leurs parents. Mon pĂšre a d’abord devinĂ© avant que je ne le lui dise il me voyait avec du cash et je laissais aussi traĂźner des indices. On est proches, on se parle honnĂȘtement. Un jour, on a Ă©tĂ© boire un cafĂ© et il m’a dit “Si jamais tu te prostitues, eh bien j’aimerais que tu m’en parles. Sache que je ne te jugerai jamais. Par contre, ne sois pas accro Ă  l’argent.” “Mon pĂšre m’a dĂ©jĂ  dĂ©posĂ©e pour faire une passe prĂšs du petit village oĂč vit ma famille, en Bretagne” Klou C’était plutĂŽt un bon conseil ! Cela nous a permis de discuter du monde du travail et de pourquoi je n’arrivais pas Ă  avoir un travail classique. Puis j’ai appelĂ© ma mĂšre, qui s’est surtout inquiĂ©tĂ©e que je manque d’argent. Maintenant, c’est un non-sujet, tous mes proches sont au courant. À tel point que mon pĂšre m’a dĂ©jĂ  dĂ©posĂ©e pour faire une passe prĂšs du petit village oĂč vit ma famille, en Bretagne. Comme pour n’importe quel job. Bebe Melkor-Kadior — Mes proches ont toujours su, mais ma relation avec ma famille a Ă©tĂ© particuliĂšre car mon pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ© quand j’avais 16 ans et ma mĂšre ne vit plus en France. Je n’ai jamais vraiment fait de coming out par rapport Ă  ça, j’ai juste sorti un bouquin [Balance ton corps], c’était difficile de se cacher aprĂšs ! Je considĂšre que c’est un boulot, et je ne vois pas bien l’intĂ©rĂȘt de l’annoncer ni de le cacher. Quand je le pratique, je tire surtout une fiertĂ© du fait de ne pas subir de hiĂ©rarchie, ni de boss qui agite un chĂšque Ă  la fin du mois et me traite comme une sous-personne. J’aime cette libertĂ© de travailler quand on veut. Dans ce cadre, avez-vous vĂ©cu des situations qui ne vous convenaient pas ? Klou — Cela faisait dĂ©jĂ  un moment que j’étais travailleuse du sexe indĂ©pendante et, comme plein de gens, je me suis dit “On va aller en Suisse faire de l’argent rapidement.” J’ai donc Ă©tĂ© travailler dans une maison close, avec une amie et collĂšgue. Je me suis rendu compte que j’avais un peu oubliĂ© ce que c’était d’avoir un patron qui te dit “Fais ci, fais ça, sexualise-toi de cette maniĂšre”. © “It’s Just Love” de Sophie Ebrard L’établissement avait un certain standing, auquel je ne correspondais pas. Du coup, mon amie a travaillĂ© et moi pas. Cette expĂ©rience a fait ressurgir des choses assez tristes, liĂ©es au patriarcat et, plus gĂ©nĂ©ralement, Ă  l’impression de ne pas correspondre Ă  la norme. En effet, plus jeune, comme beaucoup de filles, j’ai Ă©tĂ© trĂšs dĂ©pendante du regard masculin pour plaire. Je ne suis pas restĂ©e dans cette maison close, mais cette expĂ©rience m’a donnĂ© des idĂ©es pour travailler autrement. Bebe Melkor-Kadior — Pour ma part, c’est le strip-club qui ne me convenait pas. J’y ai travaillĂ© en Suisse et Ă  Paris oĂč il n’y a pas la culture du tip [pourboire] et oĂč les clients en profitent au maximum en lĂąchant le moins de thunes possible. LĂ  aussi, pour rĂ©ussir, on nous demande de nous conformer Ă  un certain type de fĂ©minitĂ©, Ă  la fois hyper-disponible et trĂšs handicapante. On sait que cela va mieux fonctionner pour nous si on correspond Ă  une esthĂ©tique qui est tout et son contraire lisse, hyper-maquillĂ©e, avec de la lingerie fine, en haut talon, mais en se dĂ©plaçant comme si on Ă©tait en basket
 C’est des conditions trĂšs contradictoires et inhumaines. Dans le staff, ce qui me dĂ©rangeait aussi, c’était la hiĂ©rarchie, le fait qu’on prenne une commission sur moi surtout que ce sont la plupart du temps des hommes qui te donnent des directives sur la meilleure maniĂšre d’ĂȘtre une femme
 “Si ça se passe mal, il n’y a personne pour prendre notre dĂ©fense, on n’est pas considĂ©rĂ©es” Bebe Melkor-Kadior C’est extrĂȘmement aliĂ©nant et cela produit l’inverse de la sororitĂ© entre les travailleuses, en crĂ©ant une compĂ©tition tacite le client est roi, il faut toujours ĂȘtre Ă  l’affĂ»t, au taquet. Moi, je n’y arrive pas, je prĂ©fĂšre qu’on vienne me chercher. Il y avait beaucoup de pression. Surtout, si ça se passe mal, il n’y a personne pour prendre notre dĂ©fense, on n’est pas considĂ©rĂ©es. Pendant longtemps, j’ai rĂ©ussi Ă  me faire croire que ça allait, mais en fait, ça ne me convenait pas. Quelles stratĂ©gies avez-vous mises en place pour travailler sereinement ? Klou — J’ai des limites trĂšs claires avec lesquelles je ne nĂ©gocie pas. En ce moment, je fais la copine de location c’est-Ă -dire que j’ai deux ou trois clients rĂ©guliers, ce qui me demande moins d’énergie que de chercher de nouveaux clients. C’est une situation confortable car il y a entre nous un lien d’affection je les aime bien et ils me prennent aussi plus longtemps. Par ailleurs, une nouvelle loi est passĂ©e en Belgique [en mars, la Belgique est devenue le premier pays europĂ©en Ă  dĂ©pĂ©naliser la prostitution] je ne me suis pas encore dĂ©clarĂ©e, mais cela va me simplifier la vie et je vais peut-ĂȘtre bĂ©nĂ©ficier d’aides de l’État. Cela va aussi amĂ©liorer notre sĂ©curitĂ© avant, quand je faisais une passe, je devais dire Ă  des copines oĂč j’allais pour assurer ma protection. Bebe Melkor-Kadior — La recette pour s’en sortir, c’est d’avoir son rĂ©pertoire. Pour ne pas subir de pression, il faut avoir son propre rĂ©seau et ses habituĂ©s fiables, ce qui Ă©vite le labeur de faire le tri et de prendre le risque de tomber sur des gens qui ne sont pas des vrais clients mais des agresseurs. Quand on est dans une approche prĂ©caire du TDS [travail du sexe], au dĂ©but, on ne sait pas qui va vous appeler. Ces derniĂšres annĂ©es, j’ai arrĂȘtĂ© et repris plusieurs fois l’escorting la derniĂšre fois que j’ai arrĂȘtĂ©, c’était il y a cinq mois car je me consacre Ă  autre chose en ce moment. Le travail du sexe a toujours Ă©tĂ© pour moi un travail alimentaire quand je n’ai pas besoin de coup de pouce financier, je fais autre chose, des tournages avec Erika Lust [rĂ©alisatrice de films X fĂ©ministes] ou des tournĂ©es pour des performances. Bebe Melkor-Kadior © Marie Rouge Vous ĂȘtes toutes les deux actives sur les rĂ©seaux sociaux, et notamment sur Instagram quel usage en faites-vous ? Avez-vous subi la censure qui concerne Ă  la fois les contenus Ă  caractĂšre sexuel et les corps fĂ©minins en ligne ? Klou — Au dĂ©but, j’aimais bien Instagram. J’ai commencĂ© Ă  faire de la BD dans mon coin et je me suis dit “Autant la diffuser sur Insta”. La bande dessinĂ©e me permettait de me cacher derriĂšre des dessins et des textes. L’inconvĂ©nient, c’est que, comme on ne voit pas mon visage, le rapport est dĂ©shumanisĂ© j’ai donc reçu des vagues de haine de la part de certaines utilisateurtrices. C’est trĂšs relou car le sujet du travail du sexe dĂ©clenche des rĂ©actions Ă©pidermiques chez les gens et le cyberharcĂšlement reste gĂ©nĂ©ralement impuni. Quant Ă  la censure, je crois que le dessin passe entre les mailles du filet, ce qui me permet une certaine libertĂ© face aux algorithmes. En apparence, la BD paraĂźt moins frontale, moins menaçante, tout en permettant de dire des choses assez militantes. Bebe Melkor-Kadior — Moi, en raison de mon travail dans le porno, j’ai bien huit comptes Insta ! J’ai eu trop de contenus signalĂ©s, je suis punie par Instagram, je suis en permanence shadowbanned [technique de modĂ©ration appliquĂ©e par le rĂ©seau social contre les contenus homophobes ou pornographiques consistant Ă  masquer ledit compte aux utilisateurtrices sans le signaler explicitement], mes posts n’ont plus beaucoup de portĂ©e, mĂȘme quand je ne poste pas de contenu sur l’antiracisme ou les putes. J’ai dĂ» faire face Ă  des vagues de signalements de la part de masculinistes et d’abolitionnistes [pour l’interdiction de toute forme de prostitution]. Finalement, je trouve que c’est la norme d’ĂȘtre stigmatisĂ©e dans ces milieux d’ailleurs, les plateformes ne sont pas faites pour nous, ni pour nous accueillir, et elles le revendiquent. Heureusement, il y a des façons d’exister sur internet sans rĂ©seau social. Au bout d’un moment, j’ai lĂąchĂ© prise, ça ne m’a pas empĂȘchĂ©e de travailler ou d’avoir des contrats. © “It’s Just Love” de Sophie Ebrard Quel regard portez-vous sur les jeunes gĂ©nĂ©rations de travailleureuses du sexe qui utilisent dĂ©sormais des plateformes comme TikTok ou Twitch ? Bebe Melkor-Kadior — On vit un moment intĂ©ressant, culturellement parlant. Tout est trĂšs flou on ne sait pas oĂč le travail du sexe commence et oĂč il finit. On voit de plus en plus, sur Twitter ou des rĂ©seaux sociaux tout public, des mineures qui vendent des photos de leurs pieds ou des nudes. En fait, pas mal de jeunes femmes font du TDS sans forcĂ©ment le savoir ou le considĂ©rer comme tel. Je ne pense pas que ce soit si grave, car l’hypersexualisation est dĂ©jĂ  partout, alors autant capitaliser lĂ -dessus quand on peut, si l’on en a besoin. Mais il faut le faire en Ă©tant lucide et savoir qu’il peut ĂȘtre difficile de retirer des choses qui sont postĂ©es sur internet. Que le travail du sexe soit devenu aujourd’hui aussi vaste et ses frontiĂšres aussi floues, c’est une Ă©volution inĂ©vitable, il me semble. Rappelons qu’on n’a pas besoin de formation ou de certification particuliĂšre pour ĂȘtre TDS, c’est d’ailleurs ça qui rend le mĂ©tier aussi accessible, et c’est bien. L’effet pervers consiste Ă  le pratiquer par-dessus la jambe, sans avoir conscience du stigmate social, ou Ă  mettre en danger sa santĂ© mentale. Les jeunes, prenez ça au sĂ©rieux, c’est un travail ! Renseignez-vous sur les maniĂšres safe de le pratiquer on a la chance d’avoir dĂ©veloppĂ© toute une culture, avec des outils Ă  disposition, des guides et des ressources qui expliquent comment se choisir un pseudo sur la plateforme OnlyFans ou encore comment protĂ©ger son identitĂ©. “Plus ça va, plus je me dis Merde, il faut qu’on s’entraide’” Bebe Melkor-Kadior Klou — Si certaines ne le revendiquent pas, c’est aussi que c’est de moins en moins stigmatisĂ© et de plus en plus banal, je trouve ça chouette. Je trouve qu’il est important de trouver sa communautĂ© car en tant que TDS, on est souvent isolĂ©es, et les lois sont faites pour nous empĂȘcher de collaborer et de nous entraider. Bebe Melkor-Kadior — D’autant que la loi française considĂšre le fait de donner des conseils comme du proxĂ©nĂ©tisme, donc on peut avoir des problĂšmes. Plus ça va, plus je me dis “Merde, il faut qu’on s’entraide”. Je pense qu’il faut aider sans rĂ©primander. Une technique pour passer entre les gouttes consiste Ă  parler par la nĂ©gative dire “Il ne faut pas faire ceci”, au lieu de “Il faut faire ceci”. Heureusement, on peut se tourner vers des associations et des collectifs comme le Strass Syndicat du travail sexuel, Paloma ou encore le Bus des femmes. Vous avez toutes les deux publiĂ© des rĂ©cits Ă  la premiĂšre personne pourquoi avoir voulu Ă©crire et prendre la parole ? Klou — Initialement, ce n’était pas prĂ©vu. Je faisais de la BD autobiographique pour moi. Quand ça a pris de l’ampleur, j’ai eu envie de diffuser mon expĂ©rience ailleurs et j’ai cherchĂ© une maison d’édition. Nos rĂ©cits sont politiques, ils permettent de contrecarrer ce qu’on n’a soi-disant pas le droit d’ĂȘtre. Et il se trouve que la BD est un bon mĂ©dium de vulgarisation. Bebe Melkor-Kadior — Quand j’ai commencĂ© Ă  Ă©crire, je me suis tout de suite dit “C’est un bouquin”. J’étais en colĂšre de voir la putophobie ambiante et la maniĂšre sensationnaliste dont le sujet du travail du sexe Ă©tait parfois traitĂ© dans certains mĂ©dias comme Vice, qui prĂŽnent une approche faussement ouverte, on se contente souvent de jeter en pĂąture aux lecteurtrices des TDS qui leur faisaient confiance. En lisant les commentaires de ces articles, la phrase qui m’a le plus marquĂ©e, c’est “Elle ne se respecte pas, alors pourquoi on la respecterait ?” Je me suis dit “Mais qui dit ça en fait ? Et selon quels critĂšres ?” La respectabilitĂ© des femmes n’est pas entre leurs cuisses ! Je trouve aussi que les rĂ©cits sur le travail du sexe se rĂ©duisent trop souvent Ă  des histoires misĂ©rabilistes, comme Moi, Christiane F., 13 ans, droguĂ©e, prostituĂ©e
 [réédition Folio, 1983] ce sont des rĂ©cits en forme de mise en garde qui semblent nous dire “Attention, vous allez perdre toute valeur en tant qu’ĂȘtre humain”. Ces narrations stigmatisantes nient la dimension politique de notre travail lorsqu’il est choisi or on a le droit de s’autodĂ©terminer et on n’est pas toujours dĂ©sespĂ©rĂ©es ! Avez-vous lu d’autres rĂ©cits d’autrices et de travailleuses du sexe, comme GrisĂ©lidis RĂ©al, Nelly Arcan ou Virginie Despentes ? Bebe Melkor-Kadior — Non, je suis trop mauvaise Ă©lĂšve ! En commençant Ă  Ă©crire, je ne connaissais personne. En revanche, j’ai Ă©changĂ© Ă  l’oral avec des TDS de toutes gĂ©nĂ©rations. Mon Ă©ditrice m’a aussi offert Porno Manifesto d’Ovidie, sorti il y a vingt ans dans la mĂȘme maison d’édition que mon livre, La Musardine. “Nos dĂ©tracteurtrices ne peuvent pas imaginer qu’on peut faire du sexe pour d’autres raisons que le dĂ©sir” Klou À l’époque, elle avait 22 ans, comme moi quand j’ai Ă©crit le mien je me suis reconnue dans sa jeunesse Ă  ce moment-lĂ . En 2004, son approche a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme rĂ©volutionnaire dans l’espace public. Balance ton corps en est la suite logique, mĂȘme si je n’ai pas le mĂȘme profil qu’Ovidie. Il est intĂ©ressant qu’on ait toujours besoin, encore aujourd’hui, de dire “Bonjour, on existe et on est normales”. Klou — J’ai lu la BD de Muriel Douru, Putain de vies ! ItinĂ©raires de travailleuses du sexe [La BoĂźte Ă  Bulles, 2019], qui a fait un vrai travail de visibilisation de nos vĂ©cus, nourri de plein de tĂ©moignages, quoique assez axĂ© sur la traite. Et aussi le recueil TDS – TĂ©moignages de travailleuses et travailleurs du sexe de Tan [Au diable vauvert, 2022]. On compare souvent mon dessin Ă  celui de la SuĂ©doise Liv Strömquist [Les Sentiments du prince Charles Rackham, 2016], c’est une influence Ă  laquelle je n’avais pas rĂ©flĂ©chi, mais c’est une artiste que j’admire. Il y a aussi l’enquĂȘte Vilaine Filles de Pauline Verduzier [Anne CarrĂšre, 2020], un super-travail de journaliste qui donne la parole aux concernĂ©es [Pauline Verduzier collabore rĂ©guliĂšrement au numĂ©ro spĂ©cial sexe des Inrockuptibles]. Klou © Nicky Lapierre & Noor Beetch Comment expliquez-vous que le travail du sexe fasse encore l’objet de dĂ©bats et de dissensions au sein mĂȘme des mouvements fĂ©ministes, oĂč les militantes du courant abolitionniste parlent de “viol tarifĂ©â€ ? Klou — Parce qu’il y a des personnes qui pensent qu’il n’y a que leur façon de faire qui soit juste et c’est tout. Bebe Melkor-Kadior — C’est bien rĂ©sumĂ© ! Klou — En rĂ©alitĂ©, il n’y a pas qu’une maniĂšre d’ĂȘtre fĂ©ministe ou de se libĂ©rer, d’ĂȘtre morale, ou de ne pas subir le patriarcat. Nos dĂ©tracteurtrices qui veulent nous “aider” en disant que notre activitĂ© est hyperviolente ne se mettent pas Ă  notre place
 alors que ce n’est pas violent pour tout le monde. Ils et elles ne peuvent pas imaginer qu’on peut faire du sexe pour d’autres raisons que le dĂ©sir. MĂȘme aprĂšs avoir lu mon livre, on vient parfois me dire que ce que je raconte est faux, que je suis sous l’emprise du patriarcat et du capitalisme. C’est une maniĂšre de manquer d’empathie et de penser dĂ©tenir toute la vĂ©ritĂ©. Bref, c’est trĂšs bourgeois. Bagarre Ă©rotique – RĂ©cits d’une travailleuse du sexe de Klou Anne CarriĂšre, 208 p., 22 €. En librairie. Balance ton corps – Manifeste pour le droit des femmes Ă  disposer de leur corps de Bebe Melkor-Kadior La Musardine, 171 p. , 17 €. En librairie. cafeyn

fais pas ci fais pas ca bd